« Le labyrinthe » de Karla Fidho propose un portrait féminin structuré autour d’un cadrage à mi-corps, où le fond jaune uniforme opère comme un champ chromatique isolant la figure dans une sorte de panneau votif modernisé. La posture de la femme, tournée vers le haut et la gauche, convoque l’idée d’un *contrapposto* mental, une orientation qui crée un mouvement intérieur sans recourir au geste. Le visage et le buste, modulés par un bleu dense mêlé de nuances vertes et de reprises jaunes, composent une surface presque émaillée, évoquant les recherches de Klimt sur la matière lumineuse. La cape, parcourue d’un tracé labyrinthique blanc, rappelle les systèmes décoratifs de l’Art Déco, où la ligne régulatrice tient lieu d’architecture visuelle. Ce motif méandreux s’inscrit dans une longue tradition, depuis les grecques antiques jusqu’aux schémas ornementaux des arts précolombiens. Le contraste entre le vêtement saturé de signes et le fond dépouillé crée un effet de plan-surface proche du Pop Art, où l’aura triviale de la couleur vive dialogue avec une construction plus introspective. La frontalité du modèle, pourtant légèrement déviée, renvoie à la manière de Modigliani qui élevait la figure humaine en icône laïque. La stylisation franche du visage emprunte autant à la recherche moderniste de simplification qu’aux portraits plus graphiques de Hockney. La tension entre homogénéité chromatique et dessin rigoureux inscrit l’œuvre dans une zone de convergence entre Pop Art et Figuratif Contemporain. Le jaune du fond agit comme un révélateur du bleu du corps, phénomène déjà observé par les coloristes du début du XXe siècle qui comprenaient la couleur comme un rapport plutôt qu’une donnée isolée. Le motif labyrinthique, appliqué comme une peau symbolique, peut être associé à la notion de « parcours » chère aux traditions initiatiques, où le chemin se déploie comme une cartographie intérieure. L’ensemble développe ainsi une iconographie où la figure féminine devient un support de réflexion sur l’identité, non par narration, mais par la mise en tension de la couleur et de la ligne.























