« Chat lové » de Rosine Chufisant est une œuvre qui s’inscrit dans une tradition picturale où l’intimité du quotidien devient sujet artistique. La scène dépeint une jeune femme endormie, étroitement blottie contre un chat noir, un élément central qui introduit une atmosphère de calme domestique. Les motifs floraux de la couverture turquoise, délicatement esquissés, rappellent les ornements textiles d’inspiration japonaise, notamment ceux popularisés par l’ukiyo-e au XVIIIe siècle. La palette chromatique, dominée par des tons doux de turquoise et de rose, contraste subtilement avec le noir profond du pelage du chat, conférant à l’ensemble une harmonie visuelle qui favorise l’équilibre des formes et des couleurs.
Le traitement du visage, lisse et sans aspérité, évoque une recherche de pureté esthétique qui n’est pas sans rappeler les portraits féminins d’Utamaro, où les figures semblent suspendues hors du temps. La sérénité qui émane de l’œuvre dialogue également avec l’approche de Mary Cassatt, qui explorait fréquemment l’intimité des moments partagés, en particulier entre les femmes et leur environnement proche. L’attention portée aux détails ornementaux et à la douceur des contours inscrit aussi cette peinture dans une filiation avec l’œuvre de Pierre Bonnard, pour qui les textiles et les espaces domestiques étaient des prétextes à l’exploration sensorielle.
Le chat, symbole classique de la quiétude et de la connexion avec la nature, occupe une place structurante dans la composition, son pelage noir offrant un ancrage visuel qui guide l’œil vers le visage de la femme. Le style général témoigne d’une influence onirique qui pourrait être associée aux univers graphiques de Hayao Miyazaki, où le lien entre l’humain et son environnement s’exprime avec douceur et poésie. La composition, relativement symétrique mais jamais rigide, illustre une volonté de capturer un moment de suspension, presque méditatif.
D’un point de vue technique, le traitement des textures, notamment celles de la couverture et du pelage, semble emprunter aux pratiques du lavis et des dégradés utilisés dans la peinture traditionnelle asiatique, tandis que la construction intimiste renvoie à la modernité des cadrages impressionnistes. Les zones de couleurs plates se mêlent à des motifs finement travaillés, renforçant une dynamique entre simplicité et détail. L’absence de lignes nettes pour délimiter les formes suggère un sentiment d’unité, où chaque élément semble s’intégrer harmonieusement dans l’ensemble. L’œuvre ne se limite pas à un réalisme descriptif mais transcende la banalité de la scène pour évoquer une rêverie universelle.




















