« Banana Pop » de Martin Greet s’inscrit dans une tradition picturale où l’objet du quotidien devient un motif emblématique, à la fois immédiat et codifié. Le fruit, traité avec une luminosité homogène et des reflets lisses, renvoie aux aplats chromatiques du pop art, rappelant le langage visuel d’Andy Warhol et Roy Lichtenstein. La banane, isolée sur un fond neutre, accentue sa présence sculpturale et évoque la frontalité des natures mortes hyperréalistes. L’éclat jaune, saturé et uniforme, contraste avec les zones brunies, introduisant une tension entre idéalisation et décomposition. Ce choix pictural fait écho aux préoccupations du ready-made, où l’objet usuel se trouve détourné de son usage premier pour interroger sa valeur symbolique.
La courbure marquée de la forme, renforcée par une composition épurée, convoque une iconographie du désir souvent associée à ce fruit, omniprésent dans la culture visuelle contemporaine. Cette dimension érotique se retrouve dans la récurrence des motifs alimentaires chez Wayne Thiebaud, qui, par l’exagération des couleurs et des textures, exacerbe la sensualité des surfaces. L’absence de tout contexte narratif dans l’image amplifie son caractère d’objet, évoquant les stratégies publicitaires qui fétichisent la marchandise.
En cela, « Banana Pop » dialogue avec l’héritage du pop art et de l’hyperréalisme, mais aussi avec des démarches plus conceptuelles, comme celle de Maurizio Cattelan, qui joue sur la banalité pour en révéler les constructions culturelles sous-jacentes. L’association du jaune éclatant et du blanc immaculé renforce une esthétique de la propreté et du standard, des codes qui traversent aussi bien l’industrie alimentaire que la production d’images de masse. L’aspect pictural lisse, proche d’une surface imprimée, évoque les procédés de sérigraphie et la simplification graphique propre aux œuvres de Warhol. En réduisant la représentation à un objet unique, Martin Greet confère à cette banane un statut ambivalent, oscillant entre nature morte contemporaine et symbole réapproprié.























